Dans le genre changement, voilà du lourd : depuis le 10 août 2015 et l’annonce qu’en a faite Larry Page, Google reste Google mais n’est plus que le “G” d’un énorme conglomérat, d’une holding baptisée Alphabet et qui chapeaute dorénavant toutes les activités du géant américain, réorganisées en filiales indépendantes les unes des autres : Google donc, qui conserve la maîtrise du secteur Internet (moteur de recherche, messagerie Gmail, Youtube, Android, publicité…) mais aussi Nest (objets connectés), Calico (lutte contre la maladie et la vieillesse, recherches en génétique), Life Sciences (recherche sur le diabète), Google Ventures et Google Capital (fonds d’investissement), Fiber (FAI fibres optiques), Google X-Lab (voitures connectées, Google Glass…). Les fondateurs de Google restent aux commandes, Larry Page devient le CEO d’Alphabet et Sergey Brin le Président. Quant à la filiale Google, elle est maintenant dirigée par Sundar Pichai.
Si l’objectif annoncé, qui est de clarifier la structure pour rassurer les investisseurs, semble avoir été bien compris par les milieux financiers (l’action a grimpé de 6%), il ne manque pas d’esprits malins pour critiquer la manoeuvre et n’y voir par exemple qu’un moyen de contourner les lois anti-trusts et d’éviter les poursuites pour abus de position dominante. Ou d’asseoir encore davantage sa position hégémonique en prenant (symboliquement) le contrôle du langage, même si les activités de Google à elles seules pouvaient déjà justifier l’Alphabet…
Si le nom semble bien choisi -outre qu’il fait allusion au langage, c’est aussi un jeu de mot sur alpha (retour sur investissement) et bet (pari)- reste un petit détail qui a bizarrement échappé aux maîtres du monde : il n’est pas disponible en .com, ni sur Facebook, ni sur Twitter. Si vous tapez alphabet.com sur votre navigateur vous accédez en effet au site d’une filiale de BMW. Idem pour le compte Facebook, qui appartient également au géant allemand. Quand au compte Twitter, c’est un nommé Chris Andrikanich qui en est l’heureux propriétaire. Du coup (et peut-être en attendant), il vous faudra saisir https://abc.xyz/ pour vous rendre sur sur le site d’Alphabet. Un peu poussif, comme début, non ?
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